Un petit état des lieux pour commencer…
Je suis éleveure d’alpagas huacaya pour la génétique et la transformation de leur fibre depuis 2012 (donc j’entame ma 11e année avec toujours autant de passion !) .
J’ai un troupeau d’actuellement 36 alpagas sélectionnés pour leur génétique (dont certains que j’ai importé des USA et de l’ouest canadien) et une dizaine de crias (les bébés de l’alpaga) par année. Je fais aussi la vente de reproducteurs. Je n’ai pas d’employés, donc c’est moi qui m’occupe d’eux à temps plein.
Je suis sur une petite terre à Sainte-Eulalie dans le Centre-du-Québec, dans le nombril du Québec, à égale distance de Montréal et Québec sur le chemin vers Trois-Rivière. Je suis à 30 minutes de Drummondville, Nicolet et Victoriaville et à 5 minutes de la 20. Si j’avais voulu être plus centrale que ça, je n’aurais pas réussi !
Et ça me sers quand même un peu; j’ai une boutique à la ferme que je remplis de produits transformés à la main de notre production de fibre annuelle. En majorité des tricots, mais aussi du feutrage et bientôt du tissage (j’ai eu une subvention dans les derniers mois pour m’acheter un métier à tisser informatisé). Le travail de la boutique, c’est ce qui me prends le plus d’heures et c’est beaucoup de travail; l’an dernier j’ai tricoté toute seule à la main (oui, oui, une maille à la fois !) autour de 200 paires de mitaines pour garnir mes tablettes et je ne compte pas les autres tricots/produits confectionnés au travers.
Le portrait global a l’air tout beau, mais j’ai beaucoup de défis, dont deux gros;
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Ma région est une des plus pauvre du Québec et je vends des produits de luxe; j’ai dû me tourner vers la vente en ligne en 2018 parce que les marchés artisans et de Noël sont devenus beaucoup moins rentable qu’en 2012, que je n’avais pas assez d’affluence à la boutique de la ferme et j’avais également de plus en plus de compétiteurs directs dans la région. (Ça a été un de mes meilleurs move et ça m’a grandement aidé quand la pandémie est arrivée; tout était prêt pour la vente en ligne et optimisé en ce sens !)
Aussi, par rapport à la région, je suis dans une région où le tourisme est en ce moment très très mort; j’ai d’ailleurs pas mal fait une croix finale sur l’agrotourisme de masse après l’été dernier où j’ai fait un ultime essai (méchante perte de temps ! J’aurais dû suivre mon instinct mais j’ai voulu écouter celui de quelqu’un d’autre qui m’assurait que ça allait remonter à cause de… etc.…)
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L’agriculture et la mode, sont deux domaines très difficiles pour la rentabilité; beaucoup de variables où on n’a pas de pouvoir de gestion et beaucoup d’investissements à faire. En plus, l’alpaga n’est pas subventionné et supporté comme d’autres productions agricoles; alors depuis mes débuts, on a pas mal tout investi de notre poche et encaissé les coups; ça rend le développement du projet beaucoup plus lent et périlleux pour nos finances, mais à date, je crois que je m’en sors très bien dans le contexte !
Les plus fouineux vont sûrement trouver un précédent journal de progrès;
Pour avancer, j’ai fait des choix pour simplifier un peu ma business en fin 2019 et début 2020 (dont me spécialiser avec les alpagas noirs et produire plus de formations sur les alpagas/camélidés).
J’ai eu une -révélation- en automne 2020 aussi; je voulais programmer tout plein de choses pour optimiser ma ferme et améliorer le monde de l’alpaga et de la fibre, en parallèle de mes formations.
J’étais euphorique et en confiance.
Puis, comme ça arrive parfois, ma vie personnelle est devenue difficile et angoissante. J’ai fait un TAS de choses pour m’occuper de toutes sortes de façon pour passer mon mal-être. J’avais besoin d’autres chose, il faut croire. J’ai fait énormément de procrastination pour m’occuper de pacotilles. On dirait que je ne savais plus faire les bons choix pour avancer.
Et puis, je n’avais pas la force de me battre contre mon cerveau qui voulait éviter ce défi par tous les moyens… Le quotidien s’est bien occupé lui aussi de me servir d’excuse.
Finalement; la honte.
Je n’ai rien finalisé de ce que je voulais faire. Niet. Je me sentais comme une incapable. J’étais la petite souris qui tournait dans une roue. Pour taper sur le clou, certains ont dit autour de moi - d’arrêter de penser que je pourrais faire ce genre de choses, qu’il y avait des gens qui en faisaient un métier et que ce n’était pas le mien -.
J’aurais frappé ! J’étais enragée mais trop à terre pour me relever les manches.
Puis, j’ai repris confiance et j’ai voulu me relever, mais je ne savais plus par où commencer. Tsé quand tu essaies de trouver le bout du fil dans un paquet de nœud ? Alors j’ai fait compliqué et je me suis assis pour écouter une formation de programmation python (mauvaise tactique).
Dernièrement, je me suis shaké pas mal. Olivier m’a fait réaliser que je prenais le problème à l’envers (merci Olivier !). J’ai tenté de mettre de l’ordre dans mes trucs, restructuré ma to-do pour essayer de départager les projets qui me font vraiment avancer et les 1001 autres plus personnels (que j’apprécie pareil et que je ne mets pas aux oubliettes, mais…). Je me dois de focusser pour avancer.
Et puis, fuck. Je me suis dit que si j’avais trop honte pour revenir parler de ma honte ici et du non-avancement de mon projet, ben j’aurais VRAIMENT échoué à être honnête avec moi-même. Je ferai pas semblant; j’ai tourné en rond. Je n’ai pas été fidèle à moi-même. Mais je crois que je ne suis pas la première. En parler, je crois que c’est la première étape dont j’avais de besoin pour m’y remettre vraiment à fond.
J’ai lu tout plein d’autres journaux de progrès cette semaine. Ça m’a botté le cul encore plus. Go, go !
Tout ça pour dire; je vous présente la version 2023 de mon journal de projet qui est la suite de celui plus haut… avec une meilleure structure mentale et une nouvelle énergie !
Mon objectif en 2023, c’est de parvenir à automatiser la distribution de ma moulée, comme en 2021. Ça n’a aucun sens à quel point ça va changer la dynamique de mon quotidien.
Comme je disais à l’époque, ça va me libérer pas mal de temps dans l’année (3 semaines de 40h) pour faire d’autres projets; l’idée est d’avoir, finalement, des employés-robots dans toute l’entreprise !
J’ai commencé en parallèle à automatiser d’autres petits trucs avec Zapier et je vais continuer assurément aussi. J’ai négligé ça beaucoup trop longtemps ! Et comme Olivier dit; je ne suis pas obligée non plus de faire tout à la dure, il y a tellement de trucs qui peuvent s’imbriquer de nos jours avec les API !…
Actuellement, ce qui peut faire dérouter le projet, c’est principalement le fait que je sois seule pour faire fonctionner l’entreprise et que je ne peux pas me permettre d’y mettre beaucoup d’heures par jour. Je n’ai pas de journée de congé et personne pour me remplacer alors je ne peux pas me fier là -dessus non plus pour donner un coup.
Mon plan, c’est d’y mettre 1h par jour au moins 5x semaine; ce sera déjà ça même si c’est à petits pas.
Une petite bouchée d’éléphant.
Aussi; je n’ai pas de place actuellement dédiée pour travailler là -dessus physiquement et tester mes trucs. Je vais y remédier en premier lieu et finaliser ça cette semaine pour être vraiment à l’aise.
Je veux aussi prendre le temps nécessaire pour venir très périodiquement (au moins 1x par mois) donner des avancées du projet. Je crois que ça va m’aider à respecter une progression soutenue.
D’ici la prochaine fois;
- Me préparer un endroit dédié pour travailler physiquement sur le projet
- Faire un retour sur mes précédentes recherches pour le projet et me faire un plan détaillé du système et ma planification des étapes.
- Commander le matériel nécessaire pour faire une première structure de test
- M’amuser avec ça; parce que j’ai le droit de faire les trucs que je veux faire et non juste la paperasse et les choses qu’on m’impose.