Caroline Néron en faillite

On en parle beaucoup dans les médias depuis une semaine. Pas facile d’être entrepreneur…

Pour certains, c’est une incompétente qui a surfé sur sa popularité d’ex chanteuse et la fortune de son mari (maintenant ex) milliardaire.

Pour d’autres, c’est une entrepreneure audacieuse qui a osé prendre des risques, et qui a crée une centaine d’emplois pendant une dizaine d’années au Québec.

Pour ma part, je pense que le produit n’était pas à la hauteur de l’image qu’elle voulait projeter. C’est donc un mauvais calcul marketing.

Je me suis arrêté quelques fois dans ses boutiques, par curiosité, et j’ai trouvé que le prix était trop cher pour la valeur des produits, et pas assez cher pour l’image de marque qu’elle voulait projeter.

Il en résulte des marges de profits insuffisantes pour conserver son standing.

À mon avis, elle devrait offrir des produits de meilleure qualité, et les vendre beaucoup plus cher.

Une de ses boutiques dans un centre d’achat à Montréal lui coûte 20 000$ de location par mois !! Combien doit-elle en vendre des bracelets à 40$ pour payer ça? Elle a beau les acheter 12$ en Chine, ça demeure totalement insuffisant comme profit. Mais elle ne peut pas vendre plus cher, parce que ça ne le vaut pas.

Ce calcul du rapport entre les marges de profits et les objectifs de rendement est une erreur classique chez les entrepreneurs débutants.

Soit tu vends un produits “pas cher”, style Walmart, ou Ardène pour les bijoux, et alors tu fais du profit grâce au très gros volume de vente.

Soit tu n’as pas la capacité de vendre en aussi gros volume, parce tu n’as pas la visibilité suffisante, ou parce que, comme artisan, tu as juste 24h dans une journée : dans ces cas, la seule façon de faire une entreprise rentable c’est d’offrir de la “valeur ajoutée” et vendre beaucoup plus cher la pièce à une clientèle cible très très nichée.

Caroline Néron a voulu joué sur les deux terrains en même temps, et elle est tombée dans le trou entre les deux. C’est mon interprétation de la situation.

Et @Olivier_Lambert, regrettes-tu toujours de t’être fait tchoké ton interview avec elle? :stuck_out_tongue:

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Très intéressant comme constat.

J’ai personnellement aimé le statut Facebook d’Alexandre Champagne (supprimé depuis) qui disait ceci:

« On dirait qu’en tant qu’entrepreneur, j’peux pas me taire sur le sujet. Je me désole de voir que l’entreprise de Caroline Néron est en faillite. Je ne le souhaite à personne, évidemment.

Cependant, 9.7 millions de dollars de dettes, bon en gestion ou pas, si t’as la moindre idée de ce que tu fais, ça n’arrive pas du jour au lendemain. Ce qui me fâche le plus, ce sont les présences médiatiques répétées de Caroline comme femme d’affaires prolifique et tous les mensonges auxquels on a eu droit à propos de l’entreprise et de sa principale gestionnaire.

Ça prouve un point que j’ai toujours défendu : on traite l’entrepreneuriat de manière très mauvaise au Québec. On veut voir les gens réussir et on est prêts à gober tout ce qui nous excite et semble incroyable, sans réfléchir à la réalité des entrepreneurs et à leurs combats quotidiens.

Les entrepreneurs, c’est pas seulement les Dragons. C’est aussi des propriétaires de café locaux, des entrepreneurs en construction, des artisans et un paquet d’autres gens, qui font pas semblant qu’ils ont du cash et/ou qui le gèrent adéquatement.

Je suis vraiment irrité par la situation parce que personne n’ose dire que Bijoux Caroline Néron était géré comme de l’osti de marde et que ses employés sont en attente de 360 000 dollars collectivement, somme qu’ils ne verront probablement jamais (je peux me tromper, Caroline pourrait décider de les payer et de ne pas payer ses créanciers, je crois en sa bonne foi).

C’est un comportement irresponsable, ce sont des années de mensonges et le public a tout avalé. Ça, c’est triste.

J’espère qu’on va tirer une leçon de ça, qu’on va comprendre que madame Néron n’est pas une victime, mais bien la responsable de ses propres déboires financiers.

C’est vraiment rien contre elle, ç’aurait pu être n’importe qui d’autre et j’aurais dit la même affaire. Je ne la connais pas personnellement, je ne porte aucun jugement de valeur à son endroit et je lui souhaite sincèrement d’arriver à trouver des solutions à ses problèmes.

C’est simplement que si t’es pour te promener en Range Rover, avec une montre qui équivaut au salaire annuel moyen au Québec, en participant à une émission où on vénère tes capacités de gestionnaire d’entreprise, assure-toi que les bottines suivent les babines ».

Ça réflète pas mal ce que je pense. Et tout l’aspect de victimisation féminine m’irrite profondément.

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@Marie_Pierre
Moi aussi je suis entièrement d’accord avec lui et avec toi. Cependant sur les forums d’artisans (Majoritairement féminin), celui qui ose dire ça est accusé de vouloir frapper sur une personne qui est à terre et de ne pas promouvoir l’entrepreneuriat québécois. Ce qui reflète exactement ce que tu mentionnes quand tu parle de victimisation féminine.

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@Marie_Pierre
Tellement d’accord !! Cette victimisation féminine aussi m’irrite. Y’a même des gens à un moment donné qui disait «allez lui acheter des bijoux pour l’aider» et qui étaient quasiment prêt à se cotiser, comme si c’était la première femme entrepreneur québécoise à se planter.

Je connais des artisanes bijoutières qui non seulement font leurs bijoux d’une qualité maladive elles-même et qui travaillent comme des folles, mais qui feraient n’importe quoi pour pouvoir vivre de leur passion… entendre dire d’aller acheter des bijoux chez Caroline Néron pour l’«aider», c’est un non sens pour moi. Il y a tellement d’autres entrepreneures autant québécoises à «aider» !

Ça, c’est ce qui est le plus difficile à faire comprendre à un artisan au Québec (et je me compte dans le lot, ça m’a pris du temps à comprendre et oser)!

Dans mon domaine qui est très artisanal, très peu osent donner un prix pour qu’ils puissent être rentables sous prétexte de «vouloir faire plus de volume» ou parce qu’ils «veulent que ce soit accessible» ou «parce que le voisin vend moins cher». Et ils ferment aussi. Et après, les gens doivent aller voir ailleurs et croient que quand c’est plus cher, c’est qu’on ambitionne. Cette mentalité de l’artisan qui doit vendre au prix du Wal Mart pour «survivre» nuit à tout le monde !

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@Karine_Caron
En tant qu’artisan, je suis d’accord avec votre propos. Par contre, je crois que le tout doit être en progression. C’est-à-dire qu’on ne peut pas commencer dans une discipline et demander un prix exorbitant puisque nous n’avons pas acquis la clientèle, la notoriété et la reconnaissance pour le justifier. Cela dit, il ne faut pas vendre moins cher que les grandes chaînes, sinon on perd la valeur du fait main.

J’ai débuté en vendant mes stylos presqu’à perte à des amis/famille,… Par la suite j’ai fait un premier ajustement de prix lorsque j’ai commencé à avoir des commandes (Les gens me donnaient plus que ce que je chargeais…c’est un signe lol). J’étais bien en-dessous du “prix moyen”… Par la suite, j’ai réajusté mes prix.

Personnellement, je considère que je vends à un prix qui est honnête à mes yeux. Évidemment, mon “salaire” n’est vraiment pas élevé, mais même si je le doublais, j’aurais tout de même un peu de profit. Mais dans les salons, je vois que les autres artisans sont soit VRAIMENT plus cher, soit ils coupent les prix. Mais ce qui est important pour moi c’est d’avoir un prix juste. Les gens viennent parce qu’ils aiment le produit et qu’ils ont les moyens de se le procurer. Je pourrais doubler tout mes prix, mais je ne vendrais pas. Je crois qu’il faut un juste milieu…

Bien sûr que la notoriété a son impact sur le prix ! Beaucoup de chose ont un impact, en fait, et je crois que trop d’artisans se fient au prix du voisin au lieu de calculer les coûts.

À un moment donné, il y a aussi une question de rejoindre le client cible… mais ce ne devrait pas être fait au détriment de la rentabilité selon moi. Sinon, quel est l’intérêt d’avoir une entreprise ?

Les artisans sont en majorité dans la catégorie des produits de luxe. Un comptable sur le prix de revient était venu faire une conférence à notre association et on parle de 2,5 à 3x le coûtant au minimum pour les produits de luxe. Ensuite, oui, si quelqu’un arrive à faire plus, tant mieux. Soit il doit, j’imagine, avoir un produit très rentable, la notoriété pour le faire ou viser une clientèle plus en moyen.

Il y a plusieurs façons de voir la notion de prix. Personnellement, je crois qu’un artisan débutant qui est en affaire (pas quelqu’un qui vend au coûtant à des amis/famille pour se pratiquer) devrait vendre au prix que devrait être son produit pour faire une entreprise viable au final ET s’il ne se sent pas à la hauteur, faire un rabais en expliquant qu’il est débutant. Ça évite de dévaluer son produit et de partir une guerre de prix…

Puis finalement, le prix est tellement pas important des fois !

Une collègue m’a déjà raconté qu’elle a déjà été dans une foire où, à côté d’elle, il y avait un kiosque de cachemire (importé).

Elle avait du mal à vendre un produit québécois d’alpaga de qualité (et moins cher que le cachemire mais avec la même douceur) tandis que l’autre ne savait pas où donner de la tête avec son cachemire importé.

On croit que ce n’est pas leur notoriété à eux qui a joué cette fois-là, mais la notoriété de la matière ! Et pourtant, les deux sont des matières luxueuses produite en petite quantité dans le monde. Mais l’image de l’alpaga actuellement au Québec se rapproche plus de «la petite bête drôle qu’on voit dans les fermettes de Pâques» que les grands alpagas reproducteurs à plusieurs dizaines de milliers de dollars qui donnent une fibre qui surpasse la qualité du cachemire. Alors le marketing a gagné.

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Bhahahaha!

Il y a genre 6 personnes qui m’en ont parlé depuis avec le même commentaire.

Bien que je ne me réjouis pas du malheur des autres… :face_with_hand_over_mouth:

Ceci étant dit, je trouve que c’est excessivement dommage pour l’image des femmes entrepreneures.

Ça renforce tous les stéréotypes négatifs et ça ne fait pas grand-chose pour faire valoir la place de la femme en entrepreneuriat.

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Je suis d’accord avec toi Oli… tsé au début j’étais contrariée de voir les gens la basher sans arrêt, mais à force de lire sur cette histoire, je me suis rendue compte que c’était effectivement très mal géré et qu’elle était responsable de son malheur.

C’est pas pour dire que c’est bien fait pour elle, mais en même temps on récolte ce que l’on sème. La chose qui m’irrite c’est le fait qu’elle ait menti et qu’elle se la jouait entrepreneur à succès alors que la faillite, elle arrivait au galop même quand elle faisait semblant de coacher du monde aux dragons. C’est très malhonête.

Et j’ai effectivement l’impression que le fait que les gens jouent la carte de la pauvre petite fille en business, ça fait juste dévaluer les femmes entrepreneure, comme si on était moins bonnes que les hommes à l’avance et qu’il fallait prendre pitié de nous!

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Le stéréotype de la femme entrepreneur au crochet d’un gars riche aussi… Dans sa conférence, elle disait que son premier chum lui avait fait un prêt de 10 000$ qu’elle lui avait remboursé au complet en une année. Elle mettait l’emphase qu’elle était self-made, etc.

Là, on voit bien que sa business n’a pas fait faillite juste parce que son chum payait son prêt.

On dirait qu’il y a 2 cartes:

  • La fille VRAIMENT belle qui met l’emphase sur son look pour faire grossir son audience.
  • La fille qui se pogne un sugar daddy pour se donner un avantage sur la compétition.

Ça me gosse!

À quand une femme d’affaires pas belle qui vient du ghetto, mais qui réussis à faire des millions? :laughing: C’est elle que je veux suivre! Je veux l’équivalent de Casey Neistat en fille. :nerd_face:

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Je te le fais pas dire! Remarque, quand t’as un quelconque avantage, libre à toi de l’utiliser, mais au moins, assumes-le! Tsé fait pas comme certaines à TLP pis faire accroire que son contenu c’est du contenu de qualité alors qu’au fond c’est juste des photos d’elle en petite tenue… Mais bon ça c’est un autre débat!

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Tout est ici: ‘‘Je me suis arrêté quelques fois dans ses boutiques, par curiosité, et j’ai trouvé que le prix était trop cher pour la valeur des produits, et pas assez cher pour l’image de marque qu’elle voulait projeter.’’

Idem ici. Une petite gêne aurait été de mise

En tant que fille qui porte peu de bijoux, mais qui les choisis avec soins…
Il y a certain que je trouve beau, mais c’est la qualité de chez Bizou. ça ne veut pas dire que jamais je vais acheter un collier chez Bizou pour aller avec une tunique de designer, mais le prix est en conséquence. Si elle voulait aller du côté joallière québécoise, il y a plein de choses vraiment original et chouette qui se fait avec du métal a des coûts acceptable. Beaucoup d’inspiration à aller prendre en France d’où j’ai reçu plusieurs bijoux magnifique d’artisan qui travaille le métal, les mixtes, etc. sans tomber dans le “haut de gamme”. Bref, oui, elle a probablement essayé de jouer sur deux tableaux…

Par contre, j’étais théoriquement son public cible considérant mon âge et j’ai toujours trouvé qu’elle ne “valait pas le coût”. L’image, c’est important, mais en quoi une vedette donne de la crédibilité à la qualité du produit… surtout qu’on ne l’a pas vu depuis des lustres sur les écrans… Je me questionne. J’ai la même impression de la maison Jacinthe https://maisonjacynthe.ca/

Dans mon domaine, du côté des femmes, elle sera probablement la compagnie à dépasser lorsque je développerai ma collection pour femmes. Déjà aujourd’hui, plusieurs me demande si je peux faire l’équivalent de X ou U produit de la maison Jacinthe à moindre prix. J’ai calculé les costs. J’ai presque tous ces ingrédients en inventaire… comme économiste, je dirais qu’elle est astucieuse. Elle prend de très petite marge sur les bons produits et des triples marges sur les produits pour les femmes qui ne veulent pas avoir de trace d’âge. C’est logique et bien pensé. Mais, c’Est très cher pour des produits qui ne sont même pas bio…

Bref, pour deux filles qui ont jouées ensemble, je suis un peu déçue par les femmes entrepreneures qu’Elles sont devenues.

(Les gars, vous avez le droit d’aller vous en donner à coeur joie sur les prix que je devrais mettre sur mes produits pour homme biologiques fait au Québec :wink: www.creationsnym.com qui deviendra nymlab dès que le transfert de domaine sera fait).

bon vendredi soir!

Voici un article paru il y a une heure sur la compagnie TaxelCo : https://a.msn.com/r/2/BBSTbgm?m=fr-ca&referrerID=InAppShare

Chauffeurs lisenciés ce matin… Comme quoi le parcours d’un entrepreneur et même celui d’un dragon est parsemé de succès, mais doublés d’embûche. Même quand tu as le gros capital d’investissement pour t’aider (la dernière ronde de financement pour Taxelco a levé 17 millions d’XPND capital, Fondaction, Fond FTQ et Investissement Québec quand même!).

Que ce soit les bijoux ou les taxis. Personne n’est à l’abri, et il y aura toujours des risques, même si en tant qu’entrepreneurs nous arrivons à les apprivoiser!

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