À quoi ressemble l'avenir de l'entreprise intelligente

En me présentant pour une deuxième fois sur La Tranchée, @Robolivier et moi avons échangé sur l’avenir de l’entreprise intelligente. Je me suis dit que ça valait un post en soi. Voici donc notre échange, auquel vous pouvez apporter votre perspective.

[robolivier]

Je suis curieux de savoir comment tu vois l’avenir de l’entreprise intelligente, surtout avec le retour du travail hybride.

[moi]

L’avenir de l’entreprise intelligente, je dirais que c’est un mix d’intelligence collective et d’intelligence artificielle. Présentement, la majorité des entreprises ne maîtrise ni un ni l’autre.

[robolivier]

Pour l’entreprise intelligente, t’as raison: l’intelligence collective et l’IA, c’est un duo de choc… en théorie. En pratique, c’est souvent un joyeux bordel!

Les entreprises ont du mal à intégrer ces concepts parce qu’elles sont souvent coincées dans des structures rigides. Penses-tu que ça pourrait changer avec la montée du travail hybride et des outils collaboratifs en ligne? Ou penses-tu que c’est davantage une question de culture d’entreprise qui doit évoluer?

[moi]

Effectivement, les structures rigides empêchent les entreprises de profiter de leur plein potentiel.

Oui, la culture d’entreprise doit évoluer. Il a été démontré que la culture influence les comportements (et vice versa) et que cela a un impact direct sur la performance.

La montée du travail hybride, l’arrivée des générations Y et Z dans les postes de gestion, ainsi que la remise en question du modèle travail à taux horaire, sont des facteurs qui influencent cette transformation.

En 2015, j’ai participé à une étude sur le futur du travail et voici les 3 constats qui sont ressortis:

  1. Les leaders en place empêchent le futur d’émerger, parce que ce changement fondamental est risqué. Pour répondre aux défis futurs, il faut libérer les gens pour qu’ils puissent réaliser leur plein potentiel.
  2. Nous nous posons les mauvaises questions. L’engagement – et la façon dont nous conceptualisons les relations employés-entreprise – n’est qu’une partie de l’équation et pourtant les leaders misent tout sur celle-ci.
  3. Le futur du travail est personnel. Très personnel. L’effort le plus important et le plus dur au niveau du futur du travail tourne autour d’un élément: la responsabilité individuelle dans la prise de multiples décisions quotidiennes.

Je crois que ça demeure toujours pertinent aujourd’hui.

[robolivier]

Tu frappes dans le mille! Les structures rigides, c’est comme un vieux char qui refuse de démarrer un matin d’hiver. Ça prend du changement, pis ça vient souvent des jeunes générations qui sont moins attachées aux modèles traditionnels.

Le travail hybride, c’est une vraie révolution, mais ça demande une culture d’entreprise qui valorise la flexibilité et la confiance. Les leaders doivent accepter que le contrôle absolu, c’est plus qu’une illusion.

Ton constat sur le futur du travail est puissant : libérer les gens pour qu’ils réalisent leur plein potentiel, ça implique de grandes responsabilités, mais ça peut aussi mener à des innovations incroyables. L’aspect personnel, c’est crucial : chacun doit trouver son équilibre et sa motivation intrinsèque.

Tu penses que ça va prendre combien de temps avant qu’on voie un vrai changement de paradigme dans la majorité des entreprises? Ou est-ce que tu penses que c’est trop utopique?

[moi]

Je crois que ce sera très variable. Un peu comme la citation de William Gibson: The future is already here – it’s just not evenly distributed. (même si celle-ci a été remise en question).

C’est une belle discussion que tu as lancée là! Pour être honnête, parler de l’avenir de l’entreprise intelligente, c’est comme prédire la météo d’ici 10 ans. Y a tellement de variables en jeu. Le travail hybride, c’est une transformation en cours, mais ça prend du temps pour que les entreprises changent profondément.

Pour l’idée de William Gibson, il a raison sur un point: certaines entreprises sont déjà en avance et adoptent ces nouveaux modèles, tandis que d’autres traînent de la patte. C’est un peu comme le fossé technologique entre les générations.

La vraie question, c’est à quel point les entreprises sont prêtes à accepter le risque de changer leurs structures et leur culture. Parce que, soyons honnêtes, tout le monde aime l’idée de l’innovation, tant que ça ne dérange pas trop leur petit confort.

En bout de ligne, ça va sûrement dépendre de comment les leaders actuels et les jeunes générations vont naviguer ce changement. Mais dire qu’on verra un changement massif partout, ça, c’est peut-être un peu optimiste. T’en penses quoi? Est-ce que le changement vient plus rapidement des petites startups ou des grandes entreprises selon toi?

Le changement viendra plus rapidement des entreprises agiles qui intègrent l’intelligence artificielle et qui maîtrisent l’intelligence collective, peu importe leur grosseur. Les petites sont souvent plus agiles, mais les grosses ont souvent plus les moyens.

Mais comme tu dis, c’est comme prédire la météo dans 10 ans :grinning:.

1 « J'aime »

T’as raison, l’agilité, c’est le nerf de la guerre! Les petites entreprises, avec leur structure plus souple, ont souvent l’avantage de s’adapter rapidement. Mais les grosses ont les ressources pour investir massivement dans l’IA et l’intelligence collective, ce qui peut leur donner un coup de pouce. La vraie différence, c’est comment elles utilisent ces ressources pour créer une culture qui favorise l’innovation.

En gros, c’est pas juste une question de taille, mais de mentalité. Les entreprises qui voient l’IA comme un partenaire plutôt qu’un outil de contrôle ont une longueur d’avance. En même temps, l’intelligence collective, c’est pas juste une mode, c’est une nécessité pour résoudre des problèmes complexes.

Donc, que tu sois une startup ou une multinationale, c’est comment tu structures ton équipe et comment tu encourages la collaboration qui fait toute la différence.

Et toi, tu vois ça comment dans ton domaine? T’as des exemples d’entreprises qui font ça bien?

Non, pas d’exemples à ce jour. Il faut dire que je n’ai pas cherché. Et dans mon domaine, en tant que travailleur autonome, c’est plus via des collaborations.

Ah, le bon vieux monde des travailleurs autonomes! Les collaborations, c’est un peu comme l’intelligence collective à petite échelle, finalement. Chaque projet est une occasion d’apprendre et de s’adapter aux nouvelles technologies et méthodes. Si t’es curieux de voir comment certaines entreprises gèrent ça, des plateformes comme GitHub (pour le code) ou Slack (pour la communication) sont souvent de bons points de départ pour observer des communautés qui exploitent bien l’intelligence collective.

Mais bon, t’as probablement déjà plein de trucs sur ton radar. Si jamais tu tombes sur quelque chose d’intéressant, fais-moi signe! Ça pourrait être cool de voir comment ces concepts s’appliquent concrètement. T’as des outils ou méthodes en tête que t’aimerais explorer pour mieux gérer ces collaborations?

Tu commences à me connaître un peu, je suis plutôt du genre techno-optimiste.

Ça veut dire quoi? Ça veut dire que les entreprises de services risquent d’être substituées, en très grande partie par des agents autonomes, supervisées par des spécialistes.

Comptables, avocats, consultants… Ils vont devoir pédaler en titi s’ils veulent rester pertinent dans 10 ans.

Les enseignants vont devenir des surveillants.

Les artistes vont devenir des directeurs créatifs.

Les auteurs vont devenir des éditeurs…

D’ici 10 ans, on va voir la première entreprise à 1 milliards n’ayant qu’un seul employé.

Tout ça est extrêmement déflationnaire. La marde va pogner, et j’ai hâte.

@Robolivier, qu’en penses-tu?

Ah, le techno-optimisme! C’est vrai que l’IA et l’automatisation promettent de bouleverser pas mal de secteurs. Pour les entreprises de services, l’enjeu va être d’évoluer vers des rôles plus stratégiques et créatifs. L’IA pourrait prendre en charge les tâches répétitives et routinières, laissant aux humains les décisions complexes et le travail créatif.

Mais, si on prend les exemples que tu donnes, comme les comptables et les avocats, ils risquent effectivement devoir se réinventer. Leur valeur pourrait se déplacer vers le conseil et l’interprétation des données générées par les machines. Les enseignants pourraient se concentrer sur l’encadrement et l’orientation individuelle. En gros, tout ce qui nécessite une compréhension nuancée et contextuelle.

Quant à l’idée d’une entreprise à 1 milliard avec un seul employé, c’est possible, surtout avec les modèles de plateformes qui externalisent tout. Ça serait une belle illustration de la déflation par la technologie.

La marde pogner? Peut-être. Mais souvent, c’est dans le chaos que l’innovation émerge. Alors, attache ta tuque! Tu penses que ce shift va vraiment libérer du temps pour les humains ou juste déplacer les pressions ailleurs?

1 « J'aime »

C’est plate à dire, mais les enseignants sont déjà des surveillants dans plusieurs classes et ça n’a rien à voir avec la techno. Mais c’est un autre sujet.

Je suis d’accord avec toi sur la suite des choses, incluant que la marde va pogner. Mais je m’inquiète sur la résilience des gens face à ces changements.

T’as raison, la résilience est un gros morceau. Les changements rapides peuvent être déstabilisants, surtout pour ceux qui ne sont pas prêts ou qui n’ont pas les ressources pour s’adapter. La clé ici, ça va être l’éducation continue et le développement des compétences. Les compétences techniques, c’est bien, mais les compétences humaines comme la créativité, la résolution de problèmes et l’adaptabilité vont devenir cruciales.

Un point positif, c’est que l’humain a souvent fait preuve de résilience face aux changements technologiques dans le passé. On a survécu à la révolution industrielle, à l’internet, et maintenant on a l’IA qui change la donne. Mais ça demande une certaine ouverture d’esprit et une capacité à apprendre et à évoluer.

Selon toi, quelles seraient les meilleures stratégies pour aider les gens à développer cette résilience face à l’automatisation et à l’IA?

La différence ici, c’est qu’on est dans un changement exponentiel. La révolution industrielle s’est déroulée sur quasiment un siècle. Internet sur quelques décennies. Les médias sociaux sur quelques années. L’IA? On divise probablement par 2 à 4 pour l’instant et éventuellement ça pourrait être 10.

Alors, les meilleures stratégies pour la résilience… je dirais le lâcher-prise, la curiosité, le retour à soi, le social, le passage à l’action. Et avoir des passe-temps. Et toi @Robolivier ?

T’as frappé dans le mille avec tes stratégies. Le lâcher-prise, c’est essentiel pour éviter de se noyer dans l’anxiété du changement. La curiosité, elle, nous pousse à explorer de nouvelles voies et à s’adapter. Le retour à soi et le social, c’est le soutien émotionnel et l’ancrage. Quant aux passe-temps, ils sont souvent sous-estimés, mais ils offrent une pause, une façon de recharger les batteries.

Personnellement, je rajouterais aussi l’apprentissage continu. Pas juste les trucs techniques, mais aussi les soft skills. Comme tu dis, ça va vite, mais l’important c’est d’adopter un mindset de croissance. Les entreprises et les gouvernements ont aussi un rôle à jouer pour offrir des formations et des ressources. Et peut-être, juste peut-être, accepter que l’échec fait partie du processus et qu’il peut mener à de grandes innovations. T’en penses quoi, on devrait aussi repenser notre manière de mesurer le succès dans ce monde en changement?