C’est que je ne sais jamais trop par quoi commencer.
Je suis originaire de Rimouski. Mes deux petites soeurs et mon petit frère aussi. Tranche de vie. Mine de rien, c’est 14 mots de plus! Ahahah!
Mais non, plus sérieusement… Me voici.
J’ai été placé une partie de ma vie. Disons que mes parents ne pouvaient m’aider autant que je l’aurais souhaité. Des parents pour m’aider à bien me déployer, à me faire confiance. À me permettre de vivre et m’exprimer dans un environnement sans violence.
Des parents pour m’apprendre à être plutôt qu’à plaire.
On me disait intelligent, mais on me reprochait de ne pas l’être à bon escient. Mon temps passait dans le bénévolat, le journal étudiant et toute activité qui sollicitait ma créativité. Ce qui me passionnait au détriment de ce pour quoi je n’avais aucun intérêt. Je m’en foutais.
Je tentais de faire ma place parmi un monde qui m’isolait et ne m’acceptait pas. J’étais rejeté à l’école, frappé à la maison quand j’y vivais. Mais j’avais une force en moi qui me poussait à continuer. Pas question de lâcher. Quitte à me rebeller.
J’ai décroché de l’école aussitôt que j’ai eu l’âge de le décider. Je me suis mis à travailler dans un fast-food. J’impressionnais par la qualité de mon travail, par ma façon de communiquer, de performer. Mais Dieu que j’étais malheureux.
Et j’ai eu 18 ans. J’étais enfin libre… Libre!!! Une dizaine de ressources d’accueil plus tard, autant de travailleurs sociaux et le double en déménagements, on m’a donné un chèque, souhaité bonne chance et on m’a montré la sortie.
Ma situation s’est un peu plus chaque jour détériorée. Pourtant, n’était-ce pas ce que j’attendais pour enfin pouvoir choisir et être heureux? La majorité… la liberté…
Je n’y arrivais pas. Et je m’en voulais énormément.
Je me suis mis à fréquenter les ressources pour jeunes itinérants. J’ai commencé à me droguer. Suicidaire, la psychiatrie s’en est mêlé. Ça s’est terminé en hospitalisations et en beaucoup de prescriptions. Sans trop savoir ce qu’on me donnait, sans prendre le temps de comprendre. On ne savait, on ne voulait ou on ne pouvait faire autrement. J’étais entré dans un autre système. Plein à craquer et épuisé. Mais somme toute rassurant. J’y retrouvais mes repères. Un monde de conditionnement et où les solutions offertes sont à prendre… ou à laisser.
En 2008, j’ai créé un groupe Facebook en lien avec les centres jeunesse. D’abord pour blâmer et critiquer sans recul le système, mais j’ai rapidement réalisé, impuissant, que je devais cesser de me faire souffrir en ressassant le passé. Je ne savais pas trop comment, mais une prise de conscience était née.
À mes 25 ans, j’ai fantasmé à l’idée d’aller en Chine sans vraiment trop planifier en revenir. Mais la vie avait pour moi d’autres projets. Je suis allé vivre avec des moines. Je suis parti dans l’Ouest où j’y ai travaillé un an. Et j’ai surtout commencé à étudier la psychosociologie. Ça m’a en grande partie réconcilié. Je ne voulais plus être victime. Plus j’apprenais à me connaître et plus je renouais avec qui j’étais. Que ça faisait du bien!
Mais demeurait cet appel à faire plus pour moi et les autres. Quelques années ont passé. Et ça s’est tranquillement défini. C’est une ressource pour jeunes que je voulais! Pour ces petits doués et remplis de talents qui finissent par croire qu’il vaut mieux se détruire, se révolter ou s’éteindre plutôt que de s’impliquer. Une ressource inspirée du meilleur que j’ai eu la chance de rencontrer. Un lieu, mais surtout une communauté pour les accueillir et les accompagner à leur sortie d’un parcours de vie déficient d’amour et d’ouverture au changement.
Pour s’impliquer avec eux pour qu’ils puissent renouer avec ce qu’ils ont toujours eu profondément envie de faire de leur vie. Pour qu’ils puissent faire les choix qui s’imposent et s’offrir le recul pour y croire à nouveau. En retrouvant ou en rencontrant des gens extraordinaires et bienfaisants. Pour enfin croire que la vie n’est pas faite que de souffrance et d’empêchements. Que ce don unique qu’ils portent mérite d’être exprimé et partagé.
Via une ressource vouée à la lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale chez les jeunes par une approche intergénérationnelle, socioresponsable et entrepreneuriale.
En d’autres mots, offrir à de jeunes adultes un milieu de vie et un accompagnement propices à l’épanouissement de leurs capacités pour favoriser la découverte de leur mission de vie et en offrant la mobilisation communautaire nécessaire à la réalisation de leurs projets respectifs.
Mon espace XYZ, c’est le nom du projet, jettera les bases d’un modèle d’accompagnement en résidence d’une durée de 2 à 5 ans ayant comme volets d’exploration et de spécialisation l’agriculture, les arts et la culture, l’entrepreneuriat et la santé globale.
Pour y parvenir, je compte récolter 555 000$ d’ici juillet 2023 au moyen de revenus autonomes générés entre autres par la vente de services et de produits fournis par la communauté XYZ, par des publications ainsi que par des subventions gouvernementales, diverses formes de dons et campagnes de sociofinancement.
2019 sera l’occasion pour moi de visiter plusieurs ressources en France, spécialisées dans l’accompagnement d’adultes doués et dans la mise en place de modèles éducatifs alternatifs. Pour le moment, je prévois autofinancer le tout via un PVT, un permis vacances-travail.
Au terme des dix premières années d’existence de l’organisme, j’aimerais qu’il devienne affilié à l’Université du Québec à Rimouski par le biais de son département de psychosociologie et de travail social. Pour faciliter la recherche et le partage de connaissances, mais aussi pour favoriser la diplomation de jeunes au parcours de vie difficile qui, une fois épanouis, comptent parmi les meilleurs intervenants.
C’est le projet que je porte et pourquoi je me suis inscrit ici. Pour m’outiller, m’inspirer, me lancer. Et peut-être croiser le chemin de gens qui seront interpellés et intéressés à m’aider.
Merci d’avoir pris le temps de me lire À bientôt!