Olà les tranches! (Quand je dis ça, j’ai toujours l’image d’une tranche de pain beurrée de beurre de peanut qui arrive à plat sur un mur et descend lentement, laissant une belle trace)
J’espère que ça va bien de votre côté. Nous sommes le 1er mars, dans 11 jours, cela fera 4 mois que j’ai entamé mon tour du monde.
Où suis-je maintenant?
Avant de répondre, voici une question que j’aimerais que tu répondes: “Quels moyens utilisent-tu pour te sortir de ta zone de confort?” À la fin, je dis comment j’ai fait ça de façon extrême pour moi, d’où le pourquoi de ma question.
Donc, après 3 mois en Europe, il a fallu que je quitte la zone Shengen. En tant que Canadien, on a le droit à 90 jours par tranche de 180 jours. Tu peux le distribuer comme tu veux dans ce 180 jours, mais je l’ai fait d’un coup. Alors, je devais quitter pour 90 jours.
Étant donné que j’étais au Portugal, j’ai vu un beau petit pays musulman juste en-dessous qui me permettait de rester le fameux 90 jours sans visa si je voulais. Mon plan est de retourner au Portugal après. Je pense m’y installer peut-être 1 an.
Donc, me voici au Maroc, pays du thé à la menthe et des gens qui t’appellent toujours “my friend!”.
Tranche historique: on m’a expliqué qu’avant, le Maroc était un pays de café. Et ils étaient très reconnus pour ça. Par contre, les UK, qui leur vendait le café (mouais, les UK sont reconnus pour leur thé je sais), ont décidé de les faire chier. Le roi du moment a donc dit: “My friend! Vous voulez vraiment faire ça? D’accord, pas de problème. Nous allons changer au thé. Merci, aurevoir!”
Depuis ce temps, le thé serait devenu la boisson internationale. Ils l’ont bien sûr adapté à leur façon, c’est-à-dire avec la fidèle menthe et beaucoup de sucre. Très bon!
Il semblerait qu’il y ait d’ailleurs un petit problème de diabète ici, car ils sont extrêmement forts sur le sucre.
Aussi, je dois dire que je m’ennuyais d’un pays plus “lousse” sur les règles. Par là, j’entend bien sûr les règles de conduite. Bon, c’est pas le chaos total comme l’Asie, mais c’est quand même chaotique.
Par exemple, il y a des lumières et le premier de la fil se met toujours trop loin. Alors, il ne voit pas si la lumière tourne au vert ou pas. Mais c’est pas son travail. Il s’en fout. C’est la job du deuxième et tout le monde en arrière de lui de klaxonner quand la lumière tombe verte.
Donc, chaque fois qu’une lumière tombe verte, tu entends klaxonner. Sinon, semblerait-il que le premier peut rester là trèèèès longtemps, en train de texter, de téléphoner, bla bla.
Et les lignes au sol qui indiquent les voies? Ben ça sert à rien.
C’est pas rare que t’as des voitures dans le milieu de la rue. Après, t’en a d’autres qui viennent se faufiler si y’a de l’espace, donc tu peux te retrouver à 3 voitures de large dans 2 voies. Et, bien sûr, comme à pas mal d’endroits dans le monde, les scooters et petites motos, elles, se faufilent partout.
J’ai demandé à quoi ressemblaient les cours de conduite et on m’a dit qu’ils apprenaient à conduire exactement comme en France. C’est juste que, un coup le cours terminé, tout prenait le bord.
C’est toujours fascinant de voir comment un peuple au complet se dit tout simplement: “Bah, pas besoin de suivre les règles”. Ça traduit une façon de penser plus “libre”. Et, étant donné que tout le monde est comme ça, il y a une tolérance plus élevée. Donc, tu peux avoir des comportements plus du type “j’m’en fous, j’fais c’que je veux” et tout le monde s’en fout, car tout le monde est comme ça. Bien sûr, faut pas exagérer non plus.
T’as vraiment plus une vibe, “si je veux quelque chose, je la prends et après on verra les conséquences”. Au lieu d’une vibe plus “si je ne suis pas les règles, je suis punis” qui est beaucoup plus présente chez nous. La présence d’un moule est beaucoup plus forte.
Ceci étant dit, je suis ici en tant que touriste et je ne sais pas comment c’est de vivre ici. Par contre, en voyant comment ça se passe, on peut en déduire que c’est en effet beaucoup plus lousse.
Côté business, disons que je paie de mon manque de responsabilité. C’est très facile de se laisser aller un peu plus en voyage. Surtout quand tu te déplaces plus souvent et que tu couches dans des auberges jeunesse, t’es plus souvent fatigué et t’as beaucoup moins le goût de t’installer devant ton ordi et travailler.
T’as aussi toutes les nouvelles rencontres que tu fais qui te tentent de visiter… Et que tu finis par craquer parce que tu veux visiter aussi et que ces nouvelles rencontres sont juste vraiment trop cool…
Bref, tout ça pour dire que j’ai eu quelques contrats, mais pas suffisamment pour payer mon voyage. Je vis au-dessus de mes moyens en ce moment et pourtant j’ai payé pratiquement aucun logement depuis le début, et j’ai sauvé énormément sur l’épicerie. Mais bon, les factures ne cessent pas d’arriver pour autant.
Et c’est déjà stressant des fois de trouver des contrats même à la maison, quand tu es en voyage, tu as les stress du nomade.
C’est-à-dire: savoir où tu vas aller, où tu vas dormir, où tu vas manger. Après, tu n’as pas toujours une bonne connexion, alors tu cherches un endroit avec une bonne connexion. Ensuite, quels plans tu te fais où tu es? Quelle ville tu visites si tu visites? Beaucoup me disent que je suis chanceux, mais quand tu as l’argent et que tu ne fais que visiter, c’est très facile et très plaisant. Quand tu dois trouver comment faire ton argent en même temps, ça rajoute un stress de plus que je n’avais pas calculé. Et quand tu es à l’autre bout du monde, des fois disons que tu sors vraiment de ta zone de confort.
Jamais je ne me suis dit autant de fois qu’en voyage: “Tu es le seul qui peut et doit te démerder.” Oui, tu rencontres des gens aidants et tout. Par contre, à la base, quand t’es nomade, tu te dois de considérer par moments que tu es carrément tout seul et que y’a personne qui va s’occuper de te sortir de la merde pour toi.
Et, méga erreur de ma part aussi: je n’ai pas terminé toutes mes stratégies et mes entonnoirs de vente lorsque je suis parti. J’avais des “promesses” de clients, 2-3 qui m’auraient assuré un revenu plus qu’intéressant en voyage. Alors, j’ai été un peu lâche et je me suis dit que je n’aurais pas besoin de trouver trop de clients anyway…
Aujourd’hui, j’en paie un peu le prix! Et, comme je l’ai dit plus haut: “Tu es le seul qui peut et doit te démerder.”
Ceci dit, je dois dire que je me suis jeté dans la gueule du loup exprès aussi. Je carbure beaucoup à “sortir de ma zone de confort”, mais comme sûrement toi aussi, ça me dit rarement de faire l’effort de sortir de ma zone…
Alors, je me mets dans des situations complètement débiles pour ne pas avoir le choix.
C’est ce que j’ai fait. C’est aussi ce que j’ai fait en 2014 lorsque j’ai décidé de me lancer temps plein en tant que travailleur autonome, sans même avoir de plan. Boom, débrouille-toi sti!
J’en ai bavé et ça a été très dur. C’est pour ça que je pense que je suis accroc à ce feeling pcq je continue quand même de me lancer sans réfléchir comme ça…
Mais après ça, t’as le sentiment que plus rien ne peut vraiment te jeter par terre. Tu te sens pas invincible, mais quand tu te dis: “Tu es le seul qui peut et doit te démerder.” et que ça te réconforte plus que ça te mets de la pression, alors tu peux dire que t’es rendu avec une bonne confiance et une capacité d’adaptation.
Bon, toi qui va prendre le temps de lire tout ça, merci et j’espère que ça va t’inspirer un peu! Sur ce, je retourne travailler et boire mon café (pour moi, pour travailler il me faut du café. Je crois que j’ai associé le goût à “travail”).
Et réponds à la question du début: “Quels moyens utilisent-tu pour te sortir de ta zone de confort?”
Cheers!